Je reviens du cinéma. Je suis allé voir
Au bout du conte, le dernier film d’Agnès Jaoui.
J’ai été conquis. Encore une fois…
En fait, je l’ai trouvé meilleur que « Parlez-moi de la pluie » (pour rappel :
https://blablatitude.1fr1.net/t1154-parlez-moi-de-la-pluie ). Il m’a même rappelé « Le Goût des autres » par certains côtés… L’ambiance citadine, les petits groupes d’amis, les histoires de couples… Surtout les histoires de couple.
Et pourtant c’était pas gagné. D’abord il y’avait cette affiche…Bon, je m’attendais pas à aller voir un film niais avec une Agnès Jaoui déguisée en bonne fée, mais on a beau se raisonner et être conscient de ce genre de chose, on se laisse prendre par les apparences qu’on le veuille ou non… même en étant allé voir tous les films d’agnès Jaoui, qui traitent justement beaucoup des apparences trompeuses (entre autre…), bah on se laisse un peu avoir quand-même… Juste un peu… Si je m’étais laissé complètement prendre par les apparences, je serais peut-être parti dés la fin du générique d’ouverture, ou peut-être même que je ne serais pas allé voir le film du tout. Quoi qu’il en soit j’y suis quand-même allé parce que j’aime les films d’Agnès Jaoui de toute manière… Mais la nature humaine est ainsi faite, on se laisse facilement rebuter par les apparences. Car après l’affiche, il y’a aussi eu ce générique…Avec ces lettres dorés, cette musique de conte de fée, cette actrice déguisée comme une princesse, racontant ce rêve de conte de fée, dans un décor complètement édulcoré, avec les effets de lumière et tout l’toutim… On a beau savoir qu’un film d’Agnès Jaoui ne peut pas se limiter à ça, on a quand-même cette petite pensée qui nous traverse l’esprit : « ça va pas être comme ça pendant tout le film quand-même ? »…Cette petite pensée ne fait que traverser… Puis le film « commence », et puis cette pensée reviens…Comme une vague. Mais à marée descendante…
Car à mesure que le film progresse, on se rend compte que tout ça est à prendre avec ironie (la référence à Cendrillon au début du film nous met déjà la puce à l'oreille), ou en tout cas d’un œil critique. Car c’est entièrement recherché. C’est voulu tout ça. A mesure que le film progresse on fini par le comprendre…Tout fini par prendre sens, jusqu’au titre du film qui nous reviens comme une révélation dans l’image finale du film : « Au bout du compte ils finissent par se trouver...Au bout du conte...Au bout du compte…Aah, c’est pour ça que ça s’appelle comme ça ! ». Alors je sais, ça paraît complètement con dit comme ça…J’entends bien les sarcasmes : « Bah oui connard ! Tu crois que les titres de film se choisissent au hasard ? ! Et t’avais pas compris le jeu de mots ? » Si si, j’avais très bien compris le jeu de mot la première fois que je l’ai lu, mais ce jeu de mot en APPARENCE (décidément…) anodin, avait, comme tout bon titre de film, sa grande part de mystère, et fini par prendre lui aussi beaucoup plus de sens une fois qu’on a vu le film dans son intégralité (d’ailleurs, à ce propos…Les 2h00 de film passent vraiment comme une lettre à la poste).
Finalement, à y repenser comme ça, c’est là que j’arrive à mesurer tout le talent d’écriture d’Agnès Jaoui, et je dis « écriture » dans le sens de « construction » ou « élaboration » d’une idée et d’un scénario… Car, évidemment, je m’attendais à trouver le génie de Jean-Pierre Bacri, et ce sens qui paraît quasiment inné pour écrire des dialogues qui fond véritablement « parler » les non-dit avec une force toujours renouvelée (c’est bel et bien au rendez-vous)… Mais là, je mesure surtout l’écriture du film en lui même et cette cohérence, cette progression.
Je parlais de vagues et de marée il y’a quelques instants… C’est finalement une image bien choisie parce que la marée est un phénomène NATURELLE, et quand je disais que cette progression d’un univers « édulcoré », féérique et pleins de croyances (car c’est bien de ça que le film traite), vers un univers beaucoup plus terre à terre était recherchée et voulue, je ne voulais pas dire pour autant que c’était « calculé » (ou en tout cas si ça l’est, ça ne le paraît pas le moins du monde). C’est là, à tête reposé et rétrospectivement que je me rends compte de ça. Mais lorsqu’on regarde le film, cette évolution se fait comme la marée…de la manière la plus naturelle qui soit.
On est tout simplement porté par ce film et on en ressort avec l’espoir et cette impression familière que la vie est faite d’imprévues, et que le bonheur peut arriver n’importe comment… Mais certainement pas comme dans un conte de fée ! Bref… On en sort non seulement avec l’impression de ne pas avoir été pris pour des cons, mais également moins cons, moins disposés à se faire des idées préconçues. Et par les temps qui court, ça fait du bien…
(j'avais d'autres pensées, toutes aussi enthousiastes, mais finalement je trouve ça bien de finir sur cette phrase
)
Edit : En tout cas le film est encore en salle jusqu'à mardi prochain au moins, je vous conseil vivement d'aller le voir !